La Pierre de l’Ange
Une lueur dans les ténèbres… Puis plus rien.
La zone commença à s’éclaircir lentement, comme éclairée par une aube timide. Les contours des objets alentours se dessinaient petit à petit, laissant deviner leur forme à la lumière naissante. Il s’agissait d’une clairière, calme et respirant la fraîcheur. L’ambiance bucolique de l’endroit transparaissait à travers chaque brin d’herbe, chaque particule du tronc de l’unique arbre de l’endroit, chaque clapotis du vif torrent qui coulait près de là. Près de l’orée de cette clairière, on devinait la présence de…
Zzap.
…d’une lourde et majestueuse porte en chêne massif, lambrissée et couverte de marqueteries. Cette porte aux ferrures massives s’accordait parfaitement avec l’atmosphère pesante de la poèce. Décorée avec goût, celle-ci, par son riche tapis persan couvrant toute l’étendue du sol, ses meubles à l’apparence noble et vétuste à la fois, et sa grande cheminée ornementée faisait inévitablement penser à la sérénité, à l’ordre, et à la pondération. Près de la cheminée trônait…
Zzap.
…une gigantesque statue de Poséidon, le Dieu des Mers, représenté dans toute sa gloire. De chaque côté de celle-ci, ajoutant encore plus à l’atmosphère sacrée du temple, brûlaient dans de gr andes vasques d’argent des huiles rares et parfumées consacrées au Dieu. Par-delà les colonnes de l’alée principale, on pouvait voir…
Zzap.
…Une fine poussière blanche couvrant la totalité du paysage immobile, jusqu’à l’horizon. Au-dessus des crêtes torturées, des cratères plus ou moins étendus, et de l’atmosphère figée de cette planète, une boule bleu scintillante était suspendue dans le ciel. Sa seule présence suffisait à apporter un peu de vie à ce morne décor lunaire.
Zzap.
…Une lueur dans les ténèbres, puis plus rien.
Un simple bourdonnement résonne dans l’obscurité, qui, troublée au bout de quelques secondes par un éclat de lumière bref, révèle une allumette. A la lumière de celle-ci, apparaît brièvement un visage sec, longiligne, aux traits durs et inflexibles. Des yeux bleus, froids et galcials contemplent l’objet en train de se consumer et reflètent sa lumière. Puis les ténèbres reviennent, telles un raz-de-marée inexorable
Une voix sifflante, à l’accent menaçant, se fait alors entendre : « Fantastique. Tout simplement fantastique. »
Silence, suivi d’une longue exhalaison. Une deuxième voix, plus suave, et riche d’un acent rocailleux : « Je vous félicite, vous pouvez être fier de vous. Vous venez de prouver que vous aviez raison. »
« Je vous avais dit que je réussirais. » Un simple commentaire laconique : « Et celle que je remplace ? »
« Ne vous inquiétez pas. » Un ton doux, presque effrayant. « Ce problème sera bientôt réglé. J’ai moi-même une question à vous poser. »
« Quelle est-elle ? »
« Pourriez-vous accroître sa puissance ? »
« Comment ? Mais je croyais que c’était terminé ! » La voix tremble légèrement.
Un ricanement froid et dépourvu de joie résonne alors. Le bruit ressemble à celui que feraient des billes tombant sur des plaques d’acier.
« Terminé ? Oh, non, mon ami, ce n’est que le commencement… »
Zzap…