La Source du Dragon
Un visiteur à vous glacer le sang
L’homme qui se tient sur le perron lorsque Wilhelm ouvre la porte — contre son gré, visiblement — est grand, mince, racé, avec un visage longiligne, des yeux en amande et des cheveux d’un blond si clair qu’ils en paraissent presque blancs. Son sourire narquois et arrogant n’augure rien de bon, et ses mains très fines sont croisées sur une menaçante canne d’ébène dont le pommeau, fait de cristal translucide, semble enchassé dans une lourde griffe en métal argenté. Il est vêtu d’habits élégants ainsi que d’une lourde cape de velours bleu nuit, et arbore une broche étincelante au revers de son col. Ce n’est que lorsque Helga l’invite à entrer que l’attraction surnaturelle qu’il exerçait sur Wilhelm s’attenue quelque peu. Néanmoins, l’impression de malaise entourant cet enigmatique personnage, elle, ne s’évanouit pas pour autant.
L’inconnu exige alors de savoir où se trouve son “homme-lige” — de toute évidence, il s’agit d’Hector. Néanmoins, avant de lui répondre, Helga préfère lui montrer la lettre trouvée sur le perron juste après l’enlèvement de Francesca, et lui expliquer dans quelles circonstances elle a croisé la route d’Hector et assisté à la trahison de Lars. Finalement, elle lui indique où se trouve la chambre dans laquelle se repose la Goule ; l”homme” prend alors soin de l’assurer que si elle et ses amis sont encore en vie et n’ont rien à craindre pour le moment, c’est bien parce qu’ils ont pris soin de son “plus fidèle serviteur”.
Un Marquis et un complot
Helga, encore tremblante, décide de faire sortir Wilhelm. Les trois Mages restent alors seuls près de l’entrée, ne sachant si cet homme est là pour aider Hector ou pour le tuer ; néanmoins, en desespoir de cause, Helga finit tout de même par briser le lien qui la liait encore à Malleaux. Quelques minutes plus tard, l’étrange visiteur revient, un sourire satisfait aux lèvres, presque en signe de remerciement. Il se présente enfin : Damien, marquis de Laplace — un nom qui fait frémir Irena. Il affirme que Hector s’en sortira, et redemande à voir la lettre d’Helga afin de l’étudier de plus près. Le Magistère, car c’en est bien un, déclare alors que cette missive n’a pas été envoyée sur son ordre, car il l’aurait su depuis longtemps ; serait-ce donc là l’oeuvre d’éventuels rivaux?
Damien de Laplace semble cependant être au courant du meurtre ayant eu lieu la veille sous le pont de Brandeburg ; par ailleurs, la calèche au blason français croisée le matin-même était en fait la sienne. Lorsque Helga mentionne comment l’homme qui était censé les attendre a été littéralement dévoré par son ombre, l’intérêt du Marquis semble s’accroître petit à petit. Irena lui remet même la statuette, qu’il examine attentivement, avant de révéler qu’eux aussi ont trouvé un objet similaire sous le pont. Il demande à garder celle-ci afin de l’examiner ultérieurement, bien que pour le moment, le sang s’y trouvant ayant été brûlé, il ne peut dire qui est derrière tout cela, ni où il se trouve. La Marquis ne connaît pas d’homme ou de Magistère nommé “Grygor”, mais appraît à présent convaincu qu’il s’agit là d’un vil complot. Malheureusement, il ne peut rien faire en ce qui concerne l’enlèvement de Francesca, à part en dire un peu plus sur Lars Kriczek, un ancien bandit tchèque contre qui Hector l’avait déjà mis en garde par le passé. Damien est néanmoins étonné de constater que Lars ait pu avoir assez de courage, assez de volonté, pour le trahir.
Selon Irena, il est évident que ce qui s’est passé au cours de la journée témoigne du fait que Lars a passé un marché avec le fameux Grygor, ou avec quelqu’un lui étant lié de près ; à ces mots, l’intérêt déjà marqué de Damien pour l’Hermétiste devient beaucoup plus prononcé, et la jeune femme se voit alors proposer ni plus ni moins qu’une invitation à dîner, ce qui ne l’enchante guère. Jan dévoile ensuite au Marquis les clés découvertes un peu plus tôt dans le jardin, et celui-ci avoue ne pas savoir non plus d’où elles pourraient bien provenir, sinon qu’elles sont sans doute le seul indice pouvant leur permettre de retrouver la gouvernante d’Helga. Le Vampire confie la garde d’Hector à la Verbena jusqu’au lendemain matin, et c’est après avoir reçu l’assurance que Grygor agit seul, et non pas avec le concours des Hermétistes ou d’autres Mages de la ville, que Damien de Laplace quitte enfin le Palais Melvany.
Les révélations d’Hector
Les trois Mages retournent ensuite voir Hector, qui, bien qu’affaibli, semble aller de mieux en mieux ; Helga apparemment stupéfaite, admet qu’il n’aurait jamais dû se remettre aussi vite. Le serviteur de Damien remercie en tous cas la Verbena de l’avoir ainsi soigné. D’apprendre que Lars ait pu s’enfuir le laisse catastrophé, et il affirme sombrement que tous, son Maître y compris, vont au-devant de graves ennuis : Lars est en effet un chien fou, un être capricieux et très rancunier. Lui aussi est fort surpris de sa trahison, car il pensait que le Marquis l’avait bel et bien placé sous son contrôle ; ceci ne fait que renforcer l’hypothèse d’Irena, car Lars, de par son statut d’homme de main, n’était habituellement pas le genre de personne à faire preuve d’initiative. Par ailleurs, Hector reconnaît enfin les deux clés : il les avait déjà vues sur le trousseau de Lars, et lui aussi reste peu convaincu par la possibilité qu’elles aient été retrouvées par hasard si près du Palais Melvany.
Lhöp-Lhöp
Après avoir attendu qu’Hector se soit rendormi, le petit groupe décide de se rendre à la bibliothèque, où Helga interroge Frère Piotr sur la raison l’ayant poussé à chercher les clés dans le jardin. La martre file alors vers la chambre de sa maîtresse, et indique le tiroir de la table de chevet, tiroir dans lequel se trouvent quelques lettres ainsi qu’un bas-relief assez particulier. Celui-ci représente une étrange créature toute droit sortie de l’imagination enfièvrée de Jakob, portant une “corolle” de feuilles autour de ses jambes, et arborant une large trompe lui tombant jusqu’au nombril. Autour de sa tête on peut voir grouiller de nombreux pédoncules ; de plus, ses yeux d’un vert laiteux semblent ne pas avoir de pupilles. Cette chose à l’allure cauchemardesque exude néanmoins une impression de sérénité, avec sa main gauche levée et ses doigts écartés en un signe de paix presque infantile. Jan et Irena se regardent, interloqués : ça, l’Avatar de Jakob?
Irena emprunte ensuite le bas-relief à Helga afin de le montrer à André. Celui-ci ne tarde pas à affirmer que cette “Chose”, qui faisait alors plus de trois mètres de haut, est bien celle qui l’avait poursuivi dans le jardin la veille au soir, et cela uniquement parce qu’il avait “donné un coup de pied” dans le socle d’une des statues. (*) Une fois de plus se pose la question de la possibilité d’un Avatar restant sur terre après la mort de son Mage. Frère Piotr, quant à lui, déclare avoir vu Lhöp-Lhöp en songe pour la première fois il y a peu de temps, et l’étrange créature lui aurait alors indiqué où se trouvaient les clés. Malgré sa troublante apparence, Lhöp-Lhöp semble bel et bien décidé à protèger l’oeuvre de Jakob…
Les clés
Jan, après toutes ces révélations, se rendre enfin dans le jardin afin d’analyser plus tranquillement les clés sus-mentionnées. Lorsqu’il revient au bout d’une demi-heure, transi de froid, il dit avoir vu une image récurrente s’imposer à son esprit : celle d’une grande roue de foire, dont la silhouette s’avère identique à celle du Riesenrad, un grand parc populaire situé au nord-ouest de Vienne, dans le district de Leopoldstadt. Néanmoins, il est clair que ni l’Akashite, ni ses compagnes ne sont en mesure de faire un pas dehors après les événements de la journée, et c’est sur cette conclusion que tous décident de prendre une bonne nuit de repos.
(*)NDI: Mais quel boulet, cet Avatar, quand même…