Orpheus Ex Machina
Pauvre Piotr
Helga se rend compte que cela fait un moment qu’elle n’a pas vu Piotr, et elle espère que celui-ci ne s’est pas fait jeter hors du train par l’un des gardes du corps. Irena l’aide à le chercher dans le train. Elles finissent par croiser un Jan blanc comme un linge, l’air fort mal en point, mais sans savoir ce qui lui est arrivé. A ce moment, tous trois aperçoivent, sortant de sa cabine, un Ivanoly très renfrogné, portant sous son bras un sac en toile de jute… qui aurait tout juste la bonne taille pour contenir une martre. L’agent de sécurité bouscule les deux femmes pour se diriger vers la porte du train; Helga se précipite sur lui en le remerciant, non sans une certaine dose de sarcasme agressif, d’avoir “retrouvé sa martre”, et lui arrache le sac en expliquant qu’il s’agit de son animal de compagnie (c’est bien Piotr: son museau dépasse du sac). Sur ces entrefaites arrive Rykov, qui se demandait bien ce qui provoquait une telle comotion.
Helga et Irena emmènent le pauvre Piotr dans leur cabine. Il est dans un état lamentable: son oeil gauche est clos et enflé, ses moustaches arrachées, son corps couvert de sand et de bleus. Une martre ordinaire serait déjà morte depuis longtemps, si elle avait été battue de la sorte. De plus, Piotr porte toujours son collier: Ivanoly l’a donc bien vu, et a fait cela exprès… Helga s’emploie immédiatement à soigner son Familier. Une bouffée de colère envahit les deux magiciennes, d’autant plus qu’en allant demander de l’eau chaude à Daniel dans le wagon-restaurant, Irena voit Ivanoly rire grassement avec ses hommes comme si de rien n’était. Dès son retour, afin d’empêcher une telle horreur à l’avenir, l’Hermétiste enchante le collier de Piotr, de telle sorte que si quelqu’un venait à le frapper de nouveau, c’est cette personne qui recevrait le contre-coup de son intention et de son acte négatifs. Piotr, lui, finit par plonger dans le sommeil, grâce à la tisane réparatrice que lui a fait boire Helga.
Concernant l’Aube Blanche
Jan est allé rejoindre Rykov dans son wagon. Là-bas, le Soviétique lui tend un exemplaire du Kleine Blatt (le même où était paru l’article sur le Riesenrad): la page qu’il lui montre mentionne l’attentat à la gare de Vienne, la semaine précédente, et Rykov pense que c’est peut-être l’oeuvre de l’Aube Blanche. Celle-ci était censé avoir été dissoute en 1920, mais ses survivants sont sortis grandis de cette épreuve. On les considère maintenant comme des terroristes bolchéviks, ce qui est ironique, vu ce pourquoi ils se battaient auparavant. Rykov se demande bien comment Jan a appris l’existence de son convoi, normalement tenu secret. A sa connaissance, en tous cas, seuls deux membres de l’Aube Blanche ont survécu: Gerad Volkov et son âme damnée Vorzheva – il se demande d’ailleurs s’ils ne seraient pas amants. Jan annonce alors la survie d’un autre membre, le tireur d’élite Spin, l’homme mentionné dans l’article de journal, jadis surnommé “l’Araignée Noire”, ainsi que la présence d’une nouvelle recrue (Gant). Il en est d’autant plus certain que c’était lui qui était visé à la gare.
Rykov trouve tout cela très inquiétant, surtout à présent que la survie de Spin est confirmée. Il va devoir adresser une lettre à son gouvernement, et congédie Jan en lui disant que lui et ses amies seront de nouveau les bienvenues dans ce wagon d’ici quelques heures seulement. Avant de sortir, Jan suggère de décaler les arrêts du train et de ne pas suivre ceux qui étaient prévus à l’origine, pour plu de sûreté. (Mais ils passeront tout de même la nuit à Budapest.) En sortant, il croise dans le sas Ivanoly, portant une mallette noire. L’Akashite lit de la peur dans son regard, vite remplacée par de la colère. Ivanoly le bouscule; Jan ne lui cède que la moitié du chemin, et se voit menacé d’un rude “au moindre faux-pas, gare à vous”.
Jan rejoint ses deux compagnes dans leur cabine, où Irena lui dit ce qui est arrivé à Piotr. Il le caresse doucement, ce qui suffit à réveiller la martre. Piotr parvient à leur expliquer ce qui s’est passé: il se rendait dans la cabine de Rykov lorsqu’il s’est retrouvé dans le sas avec Hrizak et Evgeniy, qui parlaient de questions de sécurité, des attentats, de la menace de l’Aube Blanche et… de Jan Peter. D’après leur conversation, Piotr a compris que Ivanoly était en fait à la tête de la Cheka, c’est-à-dire rien moins que la police secrète soviétique. Ensuite, la martre s’est fait jeter dehors à coups de pieds, mais non sans avoir pu passer devant la cabine à la porte restée entrouverte de Rykov et l’entendre murmurer à une certaine “Natalia” qu’il allait revenir très vite (une passagère clandestine?). C’est là qu’Ivanoly est sorti de sa cabine à lui, et a attrapé Piotr. En entendant cela, Helga se souvient avoir vu mentionné le nom de Natalia dans l’arbre généalogique de la famille Rykov qu’elle avait consulté une semaine auparavant, mais elle ne pourrait dire s’il s’agissait d’une soeur, d’une fille ou d’autre chose.
Ensuite, Jan revèle aux deux femmes le pourquoi de son air défait de tantôt. Il s’était allongé pour faire une sieste, et avait eu un rêve, ou une vision, du mystérieux personnage au masque-domino. Cet homme lui avait alors tendu un papier sur lequel se trouvait un message révélant que les anciens de l’Aube Blanche étaient encore là, et constituaient une menace bien réelle. Mais quels sont donc les intérêts de cette organisation? Pendant la Révolution de 1917, la noblesse russe avait fait venir des troupes de l’étranger pour se défendre; c’est dans ce contexte que Jan avait commencé sa carrière de mercenaire, et il s’est alors retrouvé engagé dans l’Aube Blanche, au sein du mouvement contre-révolutionnaire. Jan n’y est pas resté très longtemps (tous ses membres, lui y compris, n’étaient pas des fanatiques), et le mouvement a disparu assez vite.
Après cela, Jan suggère de garder un oeil sur Evgeniy, qui l’inquiète plus que cette brute d’Ivanoly. Une intuition, dit-il. A ces mots, Irena sent un léger trouble envahir l’aura de l’Akashite, comme une sorte de nuage… Cacherait-il quelque chose.
Toile d’intrigues et araignées
Quelqu’un toque à la porte: c’est Stanislas, qui leur annonce que le train arrivera à Budapest dans une heure environ. Conqvist a réservé des chambres à l’hôtel pour les deux femmes, et le train doit repartir le lendemain à 7h30. Helga invite l’employé à entrer et à caresser Piotr. Le jeune homme est choqué de voir l’état dans lequel se trouve la martre; quand Helga dit que les Russes l’ont battue, ça ne l’étonne qu’à moitié: il parie que c’est Ivanoly ou Evgeniy qui a fait cela. Il y a clairement deux factions dans ce train: celle de Rykov, qui veut que les trois mages restent, et celle d’Ivanoly qui veut les voir déguerpir. Stanislas, lui, appartient au premier camp, et est d’ailleurs d’accord pour venir les réveiller plus tôt que prévu et leur donner accès à la gare avant l’heure, pour éviter que les Russes partent sans eux.
Avant d’aller voir Rykov, Irena sort son miroir pour parler à André. L’Avatar la met en garde: de son côté, tout est devenu très tumultueux, des araignées se promènent partout, le danger rôde et, pis encore, il n’y a pas d’alcool à boire. Il a aussi remarqué quelque chose d’étrange concernant l’un des adjoints d’IVanoly: quelqu’un qui jouerait un double-jeu, peut-être? L’homme – Evgeniy – se montrait obséquieux, puis critiquait les trois mages, puis plus tard encore tenait le discours inverse à un autre collègue… L’Avatar n’ose pas aller dans la cabine de Rykov: une énorme araignée monte la garde au-dessus de la porte. A ces mots, Irena demande à brûle-pourpoint si André vit dans le monde des morts; il nie cela, mais semble soudain effrayé, et elle commence à se dire que lui aussi cache quelque chose.
Inquiète, Irena rejoint ses amis et leur fait part de ce qu’elle a appris. Helga lui apprend qu’il y a des araignées dans l’Umbra, le monde des Esprits, mais que leur apparition n’est jamais bon signe: ce sont des araignées du Paradoxe, dont la tâche est de détruire les paradigmes. Elle se tait soudain, car Evgeniy et Hrizak arrivent à ce moment dans le sas. Hrizak confirme que les deux femmes sont censées quitter le train la nuit, car elles ne sont pas protégées par l’immunité diplomatique et “pourraient être choquées par certaines choses qu’elles verraient”; il confirme également l’heure de départ du lendemain. Jan tente pendant ce temps de lire dans l’esprit d’Evgeniy, mais il se heurte à un mur sans nul autre pareil, une sorte de brouillard givrant, dans lequel il entraperçoit fugacement un visage de cristal…
Le programme de la soirée
Rykov lui aussi confirme le programme de la soirée: elles sont en danger rien qu’en se trouvant dans le même train que lui, et il ne veut pas rendre les choses plus dangereuses encore. “En effet, c’est dangereux, il suffit de voir ce qui est arrivé à ma martre”, ironise Helga. Un silence pesant s’ensuit; Rykov exige de savoir qui a commis cet acte. Irena sent déjà se former un maelström d’Entropie autour d’Ivanoly, qui les regarde maintenant avec colère. Helga dit qu’en l’absence de preuves tangibles, elle ne portera pas plainte; Rykov fera donc sa propre enquête. La tension retombe un peu, mais pas le nuage entropique autour d’Ivanoly: il les a l’oeil, sans nul doute. Jan, lui, est autorisé à rester dans le convoi pour la nuit, car le Secrétaire d’Etat le croit intègre… et néanmoins, il doit lui aussi faire ses bagages, ce qui laisse Irena perplexe.
Helga parle un peu avec Mathias Conqvist, qui jouit d’un véritable don pour les langues. Bien qu’il esquive un peu ses questions, elle apprend qu’il est russe par sa mère, et que son père serait peut-être hollandais. Il n’en dit pas plus. Après cela, le train arrive en gare de Budapest. Daniel aide les deux femmes à décharger leurs valises. Sur le quai, Irena se prépare à “marquer” le train pour qu’il ne puisse partir avant l’heure dite. Alors qu’elle marche le long du quai, elle glisse discrètement sa carte du Roi de Trèfle dans l’engrenage d’une roue, comme point focal du sortilège. Lorsqu’elle relève la tête, elle aperçoit Ivanoly qui sort du train avec à la main une mallette noire; l’homme crache au sol, et se dirige vers les deux femmes. il est chargé de les accompagner à l’hôtel, et s’en passerait bien, surtout lorsque Helga lui rit au nez. Lorsque le petit groupe s’éloigne en direction de la sortie, Jan, lui, se fait remettre un message par le chef de gare.
(A suivre…)