Raphael
Avoir fait cette tournée mondiale, à l’initiative d’une grande organisation écologiste, avec d’autres représentants des peuples premiers-nés d’Amérique du Sud me fit beaucoup de bien. J’y rencontrai beaucoup de chefs, qui sont maintenant des alliés, autant de dormeurs que de Mages. Je jouai naturellement lors de cette “tournée” un rôle de médiateur entre les nôtres et les associations. Mes films intéressaient beaucoup et j’appris avec un type de Greenchoice comment les monter et les mettre en forme, en expurgeant les passages que je voulais supprimer. Nous rencontrâmes diverses associations de Blancs, les gens de Greenchoice, bien sûr, ceux de Terra Sacrorum, Pachak Papa, les Copains de la Terre, qui, tout en étant bienveillants à notre cause, ne comprirent pas tout, et surtout continuèrent à penser comme des Blancs, en nous attribuant des besoins de Blancs. La tournée s’est finie en 1994. De cette époque date l’intérêt des Blancs des villes pour l’Amazonie. En naîtra leur pacte de Kyoto, encore un papier signé sans promesse.
Bref, à la fin de la tournée européenne, Curtius vint me trouver pour me demander ce que je comptais faire à présent. Quant à lui, il allait passer quelques mois à Strasbourg, pour ses recherches sur des livres qui avaient brûlé beaucoup de temps avant pendant une guerre. J’acceptai de le suivre, et comme d’habitude, il se débrouilla pour me trouver une chambre dans un séminaire. Celui de Strasbourg était comme une citadelle à l’extérieur et comme un labyrinthe de livres et de tableaux à l’intérieur. Il y avait relativement peu de choristes et la foi des Européens… n’en parlons pas. Comme c’est différent de Sao Paolo. On se demande si c’est le même dieu.
Je trouvai rapidement les lignes de bus qui m’emmenaient à proximité des petites forêts que je parcourus de longues après-midis. Je trouvai non loin du séminaire un magasin d’herbes déjà recoltées et séchées, que je “squattai” selon l’expression de la vendeuse, intriguée par ma constance et mes questions. Je lus également beaucoup de romans en portugais, et ma capacité à lire s’en trouva accrue par l’intérêt que j’y trouvai. Je terminai l’histoire de Diadorim en moins d’une semaine, ce qui stupéfia le bibliothécaire, auprès de qui je passais pour analphabète. Mais il ne me pardonna pas de lui raconter la fin au début de mon résumé. A la fin de juin 1994, je décidai de repartir dans le shabano des miens, en espérant que la situation y serait plus calme qu’à ma dernière arrivée.
à suivre